dimanche 24 juin 2007

An other day in paradise...


Arrivé au métro, je suis en retard dans cette foule plastique qui s'avance comme un seul homme dans l'escalator.


Vidé par les relents d'eau de cologne, trops proches les uns des autres, je sors. Le Square Charles de Gaulles est maquillé pour un instant de toutes ces tâches qui apparaissent quand on est passé trop vite de l'obscurité artificielle à la vraie couleur de la journée, on se met alors à déguiser les objets, à se créer son carnaval pour quelques secondes.

Après une très rapide part de pizza dégustée en compagnie de yannou (chez Isidore, cela va sans dire), je pars précipitamment.


Dans une obscurité lascive, parsemée de petites lumières bleues suspendues sur les plafonds, je rentre et m'assois face à un voile.

La clarinette propose une première fois.


La salle se tait.


Puis les accords.


Puis Mozart...


Quand tout se met à bouger, les danseurs à tomber du plafond, je suis comme un gosse, à contempler les couleurs, les visages, à écouter et puis à m'étendre dans mon silence parfois.


Et puis j'ai pleuré quand la Reine de la Nuit entame ses vocalises asourdissant de pureté, cette voix sans pareil sur une musique sans pareil, des larmes, des cris, des hourras. Et moi, toujours habillé de la lumière bleue.





Je sors encore titubant et retrouve Cyril, et puis Laurent. Un début de soirée entamé au bord de l'eau, à papotter tranquillement.


Je joue avec l'appareil de Cyril, nous allons chez Laurent.





En repartant je constate le vide que l'on peut croiser quand on s'apparaît tout seul.

And Boris Vian said "j'suis snob..."

Vendredi était un grand jour pour mon snobisme proverbial. En effet, rentrant du travail (France Télécom Wilson bonjour!) je m'appretais confusément à passer sous la terre, m'enivrant d'avance de la joie de sentir dans mes narines de mouhâ une vibrante touche de métane, quand soudain vint (passé simple) dans mon esprit l'idée de regarder dans mon portefeuille si je disposais bien de ma Pastel... Oh joie, un étui cartonné se rappelle à mon souvenir: Théâtre du Capitole-Abonnement!
Merdouille, me dis-je dans mon for interieur, la fin de la saison approche tout aussi vite que le 31 juin, date de la dernière représentation, aussi me faut-il utiliser cette dernière approche hypothétique de la culture (oui, le dernier opus de ma culture avait été Tristant et Iseult, et Tristan (qui était très gros et très barbu et très petit) s'amusait à postillonner sur Iseult qui, la pauvre, en était toute décoiffée: une soirée de 5h à se faire chier, et en prime, c'était vraiment mauvais...) dans la véhémence la plus affirmée. Alors, le sagace personnage que je suis volette au coin du square Charles de Gaulle, emprunte en sautillant la rue Lafayette, tourne sur sa gauche (à gauche, toujours à gauche) et traverse allègrement la place en direction du kioske de l'opéra!
Personne à droite, personne à gauche. Nous étions seuls, lui et moi, séparés uniquement par ce mur de verre (plus un muret dans les faits, mais ça fait mieux de dire mur). Pupille agarde, poing serré, sueur livide s'épanchant sur nos fronts, une question demeurait: lequel de nous deux dégainerait?
En piedestal de la virilité, je m'avance décidé pose l'abonnement sur la tablette, et annonce dans le microphone: "Je prends une place pour la prochaine séance!" Et lui de me répondre de sa voix nasillarde et méprisante: "Demain, 15h, flûte enchantée, de toutes façons vous avez pas le choix après vous aurez un poteau en face de la trogne..." Et oui, des fois, je me demande qui a décidé que l'Opéra c'était class... visiblement pas ce portier contrarié de n'avoir pas eu le droit de porter le traditionnel smoking noeud pap' de ses collègues plus jeunes, et plus estimés.
Toujours est-il que j'ai pris la place! Et ça c'était une bonne chose! Le lendemain serait au moins agréable du fait de Mozart, et la jovialité d'avoir pété ma class de blasé confirmé des espérances musicales était telle, que je pouvais bien péter mon deuxième phare, tout eut été des plus parfaits dans un monde "toujours le meilleur des".

vendredi 22 juin 2007

De Profundis...




Puis tu rentras. Je descendai les escaliers livide, comme si fermer la porte m'avait condamné à rester prisonnier de cet exterieur que tu ne voulais plus comprendre.

A fureter entre les murs, je me disai que les séparations sont moins catégoriques quand elles se passent au matin, à une intersection, à un instant où l'on sait de fait que nos vies ne vont dans la même direction, et où l'autre n'aura pas eu à nous imposer ses choix.



Ne restent alors que des souvenirs fabulés, fantasmés, de ces moments là où nous aurions pu être deux.


La mémoire se construit, les souvenirs parfois se rêvent.





J'en aurais caressées des chimères...















20/06/07 Toulouse, il est 19h

Philou, énervé par une question con...

On m'a récemment demandé pourquoi je prenais toujours en photo des futilités, des détails, des inepties, des tasses. Pourquoi je m'acharnais à prendre des photos inutiles, insipides, lassantes. Pourquoi perdre mon temps devant des objets, devant des lumières, devant des reflets que tout le monde pourrait prendre.
Alors après avoir répondu que je n'avais pas la prétention de prendre autre chose que des photo que tout le monde pourrait prendre, j'ai commencé à expliquer ma vision des choses. Ma révélation en lisant Virginia Woolf, mon amour pour Proust et Chateaubrilland dour la Madeleine tant que pour la grive de Montboisier. Woolf avait l'habitude de décrire les plus simples détails dans ses livres, de s'attarder sur des verres qui tintent, de commencer Mrs Dalloway par "Mrs Dalloway said she would buy the flowers herself". Proust et Chateaubrilland de prendre le dérisoire parfum de la madeleine dans le thé ou le chant de la grive comme point de départ à des réminiscences violentes, à des regrets avortés, à des pleurs.
J'ai toujours pensé que l'essentiel des choses résidait dans le détail, que le superflux, le négligeable, c'était tout ce qu'il y avait autour. La beauté du monde vient de ce qu'on ne la décelle pas dans son absolu, qu'on l'élude parce qu'on a autre chose à faire, qu'on perd son temps à résoudre des problèmes que l'on s'invente primordiaux. La plus grande part de notre vie est conçue dans l'inutile, et par conséquent, l'essentiel de ce qu'on voit est perçu comme inutile parce que faisant parti d'un quotidien qu'on s'évertue à ignorer.
Mais au delà de ça, j'aime sentir les choses plus présentes à moi, les palper avec l'ensemble de mes sens, les toucher avec mes yeux. Ce que je veux dire par là, c'est que la photographie permet, grâce à l'objectif, de se saisir d'une image particulière, d'en choisir la représentation et donc de fait exige l'implication du photographe dans le réel qu'il regarde. Prendre une photo c'est se contraindre à divulguer une part infime de ses perceptions. Il y a une intensité que je ne pourrai pas dire dans ces moments là, où l'espace d'un instant le temps s'arrête et la réalité s'ingénie à devenir relative à nos visions, comme disloquée du présent, comme disloquée d'une réalité qu'on ne conçoit plus. Parfois, l'instant de la prise se prolonge encore et encore, parfois, on s'offre plus qu'un instant pour saisir un instant.
J'en parlai dernièrement avec Cyril, pretextant encore une fois Gide pour expliquer ma vision: "tout être est capable de nudité, toute émotion de plénitude". L'instant n'obtient sa valeur que quand il est inscrit dans un présent nu, que quand il est détaché de toute perspective. La valeur de l'instant vient de la futilité que l'on laisse transparaître à ne se concevoir soi, et le monde, que dans l'instant lui même. C'est probablement une vision absolument rationnaliste que de concevoir que la plénitude n'est atteinte que parce qu'elle ne doit pas être soumise à des incertitudes dévoilées dans un futur hypothétique, c'est une vision réductrice que je donne ici, mais elle a l'avantage d'offrir un soupçon de liberté dans ce qu'on ne la décide que soi et au moment où on le souhaite, dans ce qu'on ne se fonde que sur une acquisition complète, sur des données absolues. En somme, comprendre l'instant comme parfaite plénitude est un substitut de plénitude...mais c'est pour moi, et pour le moment, un ersatz qui me satisfait pleinement puisque accessible.
Par ailleurs, la photographie, de son propre fait, mais aussi parce qu'elle permet cette capture de l'instant est une alternative au souvenir puisqu'elle demeure fondée sur la réalité sans être pourtant elle même réalité car issue d'une vision subjective et non entière. Les photos que je prends sont un souvenir créé de toute pièce sur le dos du présent, ce sont mes perceptions de l'instant divulguées à tout un chacun. Voilà ce que je fais en ce moment, et ce que j'aime faire en ce moment.
J'ai toujours été trop prétencieux, mais je crois que je n'ai jamais dit que je faisais un vrai travail, que je considérais mes photos comme de la création et encore moins comme de l'art. J'aime juste ça, et puis on oublie les souvenirs, alors je m'en invente, et je les garde pour le moment. Je les garde par peur, par plaisir, par narcissisme. Je ne m'en veux pas. Pas encore.

NB: Merci à Mike pour le rétablissement de la version Originale de la première phrase de Mrs Dalloway!

lundi 18 juin 2007

Les feuilles mortes se ramassent à l'appel

De fait, la journée commençait mal: levé 6h pour aller à ma formation de vente chez France Télécom... je hais la vente, je hais les portables (souvenons nous du passage "opinel" qui aura marqué ma vie d'usager du métropolitain pour les siècles à venir: basso cambo, c'est mal!), et ne parlons même pas des mobicarte ou des forfaits M6mobiles... Bref, je passe allègrement du stade de "en formation professionnelle" à "en formatage industriel".

La vision d'un homme maigre au possible avec des yeux pervers, genre Bean dans les aventures de maître Renard (Roal Dahl), aurait du me mettre sur la piste: la vente de portables, c'est vraiment pour les pires des pires des commerciaux.



Donc, entre deux "Orange est numéro 1 en France parce qu'il a les qualités pour l'être" entrecoupé de "Nous sommes second Mondial en terme d'abonnés ADSL derrière un Chinois", le temps de cogiter à ce que je fais là, pourquoi j'ai choisi ce stage, et me rappeler que décidément, c'est vraiment pour ma note que je fais ça sans quoi je serais parti une marguerite entre les dents en sifflotant Lemon Tree sans me retourner, et même, et ben je lui aurait dit au formateur que la chemise vert pastel avec le pantalon tweed c'était pas beau! Non mais...!, j'ai fini par me convaincre que 8h par jour, il serait nécessaire pendant 8 longues semaines de me mettre en stand by, et d'assumer que mon activité cérébrale se résume à celle d'un dimanche en train de regarder une très très très longue étape du tour de France.



Heureusement, il y a les avants et les après.






























Et puis les crépuscules...


















...Et puis Bach.

dimanche 17 juin 2007

Light, night, one day.















A 10h du matin, la lumière est encore douce, elle entre dans ma chambre en deux livides rayons blessant la noirceur de ma nuit. Je me lève encore assourdi de mes rêves tapageurs, il est encore tôt.




Des couleurs. Tellement de couleurs. Du son, des gens, des rires, du kitsch ...

...et puis tellement de couleurs.

Magaly et Pauline, et Pauline, Ode, et puis Laurent un court instant.



Et puis Cyril, un café, Cyril et puis Laurent, pour plus longtemps.




La Lumière fuit dans un crépuscule juste doré, laissant briller la brique en un murmure de chaleur qui s'évanouit quand on n'y pense plus.


Les pieds jouxtant le fleuve, on se surprend à avoir tous les mêmes regards fondus dans le même éblouissant horizon cotonneux.




Et la nuit s'éveille.


Le Jour laisse sa place aux lampadaires ruminants, moins suaves, qui me laissent jouer sur les arrêtes béantes des ponts.

Le ciel, les étoiles, c'est pour tout le monde, on en fait des rêves, on en fait ce qu'on veut...



Parfois, j'aime trop la nuit.



Les mouvements du fleuves, atypiques battements de coeurs qui s'écartèlent sur les berges...



Dans un parfum d'alcool, nous poursuivons un peu encore le chemin. Des Mouvements, des syllabes sublimées, le bruit assourdissant et insolent comme celui d'un genre qui ne se voudrait pas.


Nouveaux Soleils, nouvelles ivresses, caresses manquées


Des bouches, des mains, le rire

Les hanches
Et puis la nuit se couche.






L'aube a poind encore trop tôt, il est 10h, la lumière est toujours douce mais il est tellement tard.




A midi, je m'assure qu'il vaudrait mieux rester dans la tiedeur rassurante de mon lit.

















Puis le téléphone a sonné...















Merci à Kira W., qui aura su cueillir les étoiles du Laurent's eye.